vendredi 25 septembre 2015

Des essais de variétés pour prairies

Si vous êtes un peu familiers avec l'agriculture ou avec le jardinage, vous savez probablement qu'il existe pour chaque plante de nombreuses variétés cultivées (ou cultivars) dont les graines sont disponibles à l'achat. Ces cultivars ont des propriétés différentes : ainsi on peut trouver des variétés de tomates plus ou moins charnues, plus ou moins grosses, à rendement plus ou moins important, de couleur différente... Les entreprises semencières qui vendent des graines font de la sélection années après années pour obtenir de nouvelles variétés, et améliorer les caractéristiques de leurs cultivars.

Dans le contexte de la Nouvelle-Zélande, où l'agriculture est basée sur le pâturage, la sélection variétale est très développée pour toutes les espèces qu'on peut semer pour renouveler les prairies : graminées, trèfles, plantain, chicorée... Les différents cultivars de chaque plante présentent des variations en termes de rendement, de date de floraison, de conditions optimales de développement (certaines variétés tolèrent bien les sols très humides, d'autres les étés très secs...), de résistance à des ravageurs des prairies, de résistance à un herbicide, etc. 

Nous avons pu nous rendre à une visite d'une parcelle expérimentale où une entreprise de semences (Agricom) fait des essais : plusieurs variétés de chaque espèce sont cultivées sur une petite surface (environ 1m x 5m, avec plusieurs répétitions pour chaque variété), et le rendement de chaque variété est mesuré pour savoir laquelle est la meilleure. Des variétés déjà commercialisées étaient testées, mais aussi des variétés en cours de sélection qui ne sont pas encore sur le marché.


Voilà à quoi ressemble la parcelle expérimentale : chaque petit rectangle ne contient qu'une seule variété, et chaque variété est répétée plusieurs fois à différents endroits au sein d'un même essai (pour éviter que la localisation ait un impact sur le rendement mesuré)


Le représentant d'Agricom (la société semencière) fait la présentation de chacune des variétés de chaque espèce. La visite était destinée aux agriculteurs des environs, mais seulement deux sont venus... Apparemment plusieurs se sont désistés pour travailler sur leur ferme pendant qu'il ne pleuvait pas

Voilà les différentes variétés de plantain testées

Plusieurs variétés de trèfle blanc. Il y avait aussi des essais de variétés de trèfle violet et de trèfle caucasien


Des variétés d'une graminée inconnue. Il y avait des essais de ray-grass anglais, de ray-grass italien, de fétuque élevée et de dactyle, mais difficile de reconnaitre quelle espèce est présente sur la photo !



Des essais de chicorée. Une anecdote rigolote, c'est qu'une des variétés de chicorée qui est utilisée en Nouvelle-Zélande pour le pâturage est apparemment une variété française qui est utilisée chez nous pour produire des endives !

La photo n'est peut-être pas très parlante, mais il y a ici des essais de différentes variétés en conditions de pâturage. En l'occurrence, avec la météo pluvieuse de ce début de printemps, les différences de rendement seront peut-être dues à différentes tolérances au piétinement !

mardi 22 septembre 2015

Une ferme laitière de 550 vaches

Dernièrement, on a eu l'occasion de nous rendre sur une ferme laitière et de discuter un peu avec les exploitants. C'est une ferme relativement classique dans le contexte agricole néo-zélandais, et on voudrais vous la présenter pour vous donner une idée.

Quelques données pour vous donner un rapide aperçu :
  • La ferme est basée près de Whanganui, à l'ouest de l'Ile du Nord de la Nouvelle-Zélande. Les sols sont apparemment très fertiles et bien drainants, et la pluviosité est généreuse : en moyenne 1500 mm par an. Parfait pour faire pousser plein d'herbe.
  • La ferme compte 550 vaches laitières, de race frisonne, qui passent toute l'année en extérieur. Leurs lactations sont synchronisées : toutes les vaches sont taries en hiver, quand la pousse de l'herbe est très limitée.
  • La ferme fait environ 210 hectares, dont 190 en un seul bloc sur lequel les vaches en lactation pâturent. Les autres blocs servent à faire pâturer les génisses (qui ne produisent pas encore de lait), les vaches taries et à cultiver du maïs (on y reviendra). De plus, les taureaux sont élevés sur une autre ferme (on y reviendra aussi).
  • Comme les vaches ne sont jamais en intérieur, il n'y a pas besoin de grands bâtiments. Dans le corps de ferme, on trouve ainsi la salle de traite et un hangar qui abrite les tracteurs et les jeunes veaux. Et c'est tout !


Une vue de la ferme : des pâtures, des clôtures, le hangar et la salle de traite (bâtiments de droite), le silo pour l'ensilage de maïs. En zoomant, vous pouvez voir les vaches

La salle de traite, et le tank à lait (le cylindre blanc)

Le hangar avec les veaux. Des femelles sont gardées pour le renouvellement et des mâles sont gardés pour l'engraissement. Eh oui ! En Nouvelle-Zélande il est très courant d'élever les mâles laitiers pour la viande

La salle de traite rotative de l'exploitation, sur laquelle on peut traire 50 vaches à la fois. C'est le seul bâtiment dont les effluents sont collectés (puis épandus sur la ferme), puisque c'est le seul bâtiment où les vaches vont !

La salle de traite en vidéo :



Les vaches dans leur aire d'attente, avant la traite

Les prairies de l'exploitation. Elles constituent le gros de l'alimentation des vaches (entre 80 et 90%) ; le reste est constitué d'ensilage de maïs, dont 20 ha sont cultivés sur un autre bloc de la ferme, et de navets qui sont pâturés par les vaches en été, quand la pousse de l'herbe est ralentie. Intégrés dans la rotation avec les prairies, ils permettent aussi de faciliter le renouvellement de ces dernières, en coupant le cycle des mauvaises herbes
Voilà donc une ferme laitière "classique" de Nouvelle-Zélande. Les points principaux qui la caractérisent (et la différencient des fermes françaises) sont les suivants :
  • Une taille importante, qui permet de réaliser des économies d'échelle notamment concernant les bâtiments et la main d’œuvre. De plus, la grande partie de la ferme est en un seul bloc, ce qui facilite grandement le pâturage ; en France il est courant que les parcelles soient réparties en plusieurs blocs, ce qui complique grandement les mouvements d'animaux.
  • Une production basée sur le pâturage, qui apporte la grande majorité de l'alimentation. Cela est permis entre autres par le fait que les vaches soient en lactation seulement en période de pousse de l'herbe, que le sol et le climat sont idéaux pour la pousse de l'herbe et que le pâturage est optimisé pour une bonne production. Ainsi les parcelles sont distribuées au fil électrique pour que les vaches aient une nouvelle portion chaque jour, les chemins sont entretenus pour permettre une bonne circulation des vaches, les prairies sont en rotation avec le navet pour renouveler les prairies en limitant la présence de mauvaises herbes, etc.
En France, on trouve aussi des fermes de 500 vaches laitières, mais c'est le plus souvent dans un modèle plus intensif où les vaches sont en intérieur la plupart du temps et nourries avec une majorité d'ensilage de maïs et d'aliments produits hors de la ferme.

Un exemple : la SCL Lait Pis Carde (surnommée "ferme des 1000 vaches"), dans la Somme, où 500 vaches laitières sont élevées intégralement en bâtiment, et où un méthaniseur est présent pour produire du méthane à partir des effluents d'élevage.
Malgré la polémique qui entoure cette ferme, il est malheureusement difficile de trouver des chiffres précis sur son fonctionnement pour en faire une comparaison avec l'exploitation néo-zélandaise décrite ici. C'est certes normal (ce sont après tout des données privées de l'exploitant) mais dommage pour nous, car il aurait été intéressant de connaître la surface de maïs nécessaire pour nourrir les vaches, la surface d'épandage nécessaire pour épandre les effluents, les coûts vétérinaires associés à un élevage intégralement en intérieur, voire la rentabilité de l'exploitation. Était-il possible d'envisager un système basé sur l'herbe dans le contexte pédo-climatique de la Somme ? Aurait-il été plus ou moins rentable ? Quelles auraient été les conséquences en termes d'emploi, d'environnement ? Des questions dont on ne peut pas forcément deviner les réponses à l'avance, et sur lesquelles il serait intéressant de se pencher en détail. Si avez trouvé de bons articles dans la presse française, merci de nous le signaler. On a cherché, mais les articles factuels sur la "ferme des 1000 vaches" sont rares.

Faire adopter des agneaux

Un des trucs intéressants qu'on a pu apprendre sur la ferme où nous sommes depuis deux semaines, c'est qu'il y a une technique qui marche relativement bien pour faire adopter des agneaux par une autre brebis que leur mère. 

Il peut paraître bizarre de vouloir faire adopter des agneaux, mais dans certains cas ça reste une solution bien pratique :
  • Quand des brebis ont des triplets : les brebis n'ayant que deux tétons, parfois l'agneau le plus petit n'a qu'un accès très limité à la mamelle et ne s'alimente pas assez.
  • Quand des agneaux sont mort-nés ou meurent rapidement après la naissance. Les brebis sont en lactation mais n'ont plus d'agneaux pour consommer leur lait,
  • Quand des brebis meurent, le plus souvent lors de la mise-bas, les agneaux sont orphelins.
Certains agriculteurs n'interviennent pas du tout et laissent dame Nature faire son œuvre. D'autres surveillent quotidiennement ou tous les deux jours les brebis pour intervenir rapidement s'ils identifient des agneaux orphelins ou des brebis sans agneaux. Dans ce cas, les agneaux récupérés doivent être nourris plusieurs fois par jour avec du lait en poudre. Ceci coûte du temps, et de l'argent... Faire adopter des agneaux peut alors être une bonne solution. Ceci demande une surveillance pendant 48 heures, à la suite desquelles le couple agneau-brebis est autonome.


Ces agneaux sont nourris 3 fois par jour avec du lait en poudre. Imaginez vous devoir en nourrir des dizaines?

3 chiens, 2 agneaux morts, deux agneaux orphelins, une brebis, Jacquetta et Alice... Tout ce petit monde sur un quad, en direction du hangar pour préparer une adoption

Une fois la brebis attrapée dans la parcelle (ce qui n'est pas une mince affaire), une simple ficelle permet de l’immobiliser pour le transport. Les deux pattes gauches sont attachées entre elles et la corde passe autour de la nuque

Dans un premier temps, on met du parfum sur le nez de la brebis pour saturer son odorat et qu'elle ne sente pas l'odeur différente des nouveaux agneaux. Il parait même que ça marche mieux avec du parfum français =)

La brebis est attachée à une barrière avec un harnais. Une lanière passe sous le cou et l'autre sous le ventre, immobilisant ainsi la brebis et l'empêchant de repousser les agneaux qui tètent
Ce harnais est en fait un harnais à béliers. Il sert normalement à fixer une craie de couleur sous le ventre du bélier, pour repérer quel bélier a monté quelle brebis lors de la lutte (période des accouplements). C'est donc une utilisation détournée qui en est faite ici, pour permettre les adoptions.

La brebis est immobilisée en position debout, et son odorat est neutralisé. Les agneaux peuvent téter, miam du bon lait !

La brebis et les agneaux restent entre 24 et 48h dans cette cage individuelle. Après cette période, la brebis ne repousse plus les agneaux comme elle l'aurait fait sinon : l'adoption est faite !

Initialement, Jacquetta apportait de l'eau et de la nourriture mais les brebis ne consommaient rien. Cette méthode peut paraitre cruelle mais elle est très efficace : sur 30 agneaux, seulement deux n'ont pas été adoptés cette année !

Anecdote : une exploitation dans le Wairarapa (Sud-Est de l'île du Nord) pratique l'adoption pour l'ensemble des agneaux triplets : un des trois agneaux est systématique retiré pour n'en laisser que deux. L'agneau retiré est adopté par une brebis qui n'a eu qu'un agneau, pour qu'elle élève ainsi des jumeaux. Pour que ceci soit efficace, il ne faut absolument pas laisser l'agneau biologique de la brebis avec un agneau adopté, sous peine que celle-ci favorise l'agneau biologique. Il faut donc retirer l'agneau biologique pour faire adopter deux nouveaux agneaux par la brebis

mercredi 16 septembre 2015

Une nouvelle ferme !

Depuis une semaine maintenant, nous sommes sur une nouvelle ferme située un peu plus en aval de la vallée de la rivière Pohangina. C'est une ferme d'élevages de moutons, bovins et cervidés comme celle où nous étions précédemment, mais comme les terres ont un meilleur potentiel (l'herbe y pousse mieux) et le climat y est moins froid, la ferme est plus "intensive" que celle de Tony et Lynda où nous étions. Cette ferme fait 360 hectares, dont environ 260 hectares de collines et environ 80 hectares en bord de rivière (et le reste non pâturable).

Les collines




La femme qui murmurait à l'oreille des taureaux... Oui ce sont des taureaux laitiers (Frisons) engraissés à l'herbe jusqu'à 22-24 mois

C'est un pâturage au fil, on les déplace tous les jours pour qu'ils consomment de l'herbe fraiche sans la gaspiller

Ils sont gros eux, mais très calmes

Sur cette exploitation, les agnelages sont presque finis



Ayant planté 150 arbres à la ferme de Tony et Lynda, nous sommes maintenant des experts

Un gros orage en Juin dernier a provoqué de nombreux glissements de terrain sur la ferme... Alors on plante des arbres pour limiter l'érosion
Atelier clôture

mercredi 9 septembre 2015

Randonnées printanières

Comme les températures ont commencé à se réchauffer ici, la neige sur les montagnes commence à fondre... On peut donc recommencer à faire de la randonnée !

Au début du séjour de Pierre (le cousin d'Alice) la semaine dernière, on est allés randonner dans les environs du "Alice Nash Heritage Lodge", qui est la Hut qu'on voit ci-dessous. Un chemin qui monte sur le haut de la chaîne des Ruahines part des environs de la Hut, on en a donc profité !

La Hut

Le début de la balade, dans la forêt



Après avoir quitté la forêt, on arrive dans la végétation basse du sommet de la montagne, ce qui nous permet d'admirer le paysage

Il n'y a presque plus de neige sur les crêtes !

La randonnée, c'est cool !

On a déjeuné pas loin de la crête, et on est redescendus en début d'après-midi

On s'est perdus dans la forêt au retour, donc on a dormi sous un arbre... Bon OK j'avoue, c'était juste pour la photo ! On a dormi dans la Hut

Le lendemain, la météo était moins belle mais on est quand même allés marcher un peu

Malheureusement, une rivière torrentielle a bloqué notre progression... On a dû construire un pont pour la traverser. Et après ça, fatigués, on a fait demi-tour =)

Fin de la rando !

Plus tard dans la semaine, on était près des volcans du centre de l'île du Nord. Pierre et sa copine voulaient faire du snowboard, mais malheureusement les pistes étaient fermées pour cause de vent. On a donc fait un peu de rando, sur un chemin connu pour nous mais différent par rapport à notre dernière visite : le tour du Ruapehu. On ne l'a pas fait en entier bien sûr =)

La première partie de la journée a été pluvieuse, donc pas de photos... Mais une fois l'éclaircie, Valentin dégaine la caméra

Bon les éclaircies sont jamais longues... Alors on s'est réfugiés dans Blyth Hut auprès du feu à jouer aux cartes, comme des gens du troisième âge

Un rayon de soleil, on se prépare pour la descente

Super pro en tenue

Le snowboardeur lit (ou fait semblant) les courbes de la montagne...

... mais il n'y a pas de neige


 

La dream team