On est deux jeunes ingénieurs en agronomie, en couple depuis quelques années. On a décidé de partir en Nouvelle-Zélande pour une année... Ce blog est là pour partager récits et photos avec notre famille, nos amis et tous ceux que ça peut intéresser !
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We are two young engineers in agronomy, living together for a couple of years. We have decided to move to New Zealand for one year... We made this blog to share our stories and pictures with our family, our friends and whoever is interested !
C'est bien beau tous ces articles techniques sur l'agriculture mais il n'y a pas que ça... Il y a aussi tout le reste. Alors dans cet article, on va vous faire profiter des choses qu'on a vu depuis qu'on est chez Tony et Lynda. La suite en images!
Échauffement avant les altères
Quand je serai grande, je voudrai être ouvreuse de portes ouvertes
Rousie pendant la tonte : ça consiste à trier la laine selon sa qualité
Concentration extrême pour mettre les agrafes et fermer la balle de laine compressée
Paysage de la ferme. Le chemin sinueux conduit au fond d'une gorge
Comptez les moutons pour vous endormir
Lumière du soir sur la ferme
Vue de la fenêtre de la salle à manger... Journée nuageuse
Trophée de chasse
Autre vue de la ferme. On est ici sur la piste de décollage des avions (pour la fertilisation)
Pas si simple la tonte, mais pas trop mal. Tout le monde est content, même la brebis.
Explication pour presser une balle de laine
Avant l'ouverture du portail...
... Après l'ouverture du portail, dans la nouvelle parcelle
Pâturage des bovins
J'ai la preuve, des fois Valentin ne travaille pas
Nous sommes observés
Autre trophée de chasse
Valentin et Jess... toute une histoire
On a faim, on a très très faim...
Lumière du soir, vue de la fenêtre de la salle à manger
On continue sur des aspects agricoles de la Nouvelle-Zélande, comme on est actuellement sur une ferme. Le thème d'aujourd'hui est un aspect essentiel des élevages ici : les clôtures. Comme ça, c'est un sujet qui peut paraître anodin, mais mine de rien les clôtures sont particulièrement importantes pour le fonctionnement d'un élevage quand les animaux sont dans les champs. Avoir des clôtures en mauvais état (et donc des animaux qui s'échappent) fait perdre énormément de temps. Du coup, la fabrication de clôtures qui résistent au temps et aux animaux pendant plusieurs dizaines d'années est la norme, et un soin particulier est apporté au maintien en bon état de celles-ci.
Si on prend une exploitation typique de la région de collines où nous sommes, avec des ovins et des bovins et une surface supérieure à 200 hectares, les clôtures seront souvent réalisées ainsi :
Des poteaux en bois de pin ou sapin, traités contre le pourrissement, espacés d'environ 5 mètres. Quand ils sont au sein d'une ligne, ils mesurent souvent 180 cm dont 60 cm sont enfoncés. Quand ils sont positionnés à un angle de la clôture, ils mesurent 210 cm dont 90 cm enfoncés, et sont renforcés avec un piquet de soutien.
7 à 9 fils en acier, de diamètre 2,5 à 4 mm.
Des piquets légers agrafés aux fils, espacés d'environ 80 cm et non enfoncés dans le sol.
Exemples en images :
Sur la ferme de David et Sandy, à l'Est de l'île du Sud, à la fin de l'été
Sur une autre ferme qu'on a visitée, au Sud-Est de l'île du Nord, début juin
Et enfin sur la ferme de Tony et Lynda où nous sommes actuellement, en juillet
La même clôture, vue d'un peu plus loin
La construction ou la réparation des clôtures peut prendre pas mal de temps. La ferme est donc équipée du matériel pour accélérer la fabrication de clôtures, comme une masse hydraulique pour enfoncer les piquets :
Quand la quantité à faire est trop importante, le travail est sous-traité et un entrepreneur vient pour faire la clôture. Celui qu'on a vu avait un pistolet à air comprimé pour gagner du temps sur l'enfonçage des agrafes qui maintiennent les fils : utile quand il faut fixer un piquet tous les 80 cm...
Enfin, quand le terrain est trop abrupt ou humide pour que le tracteur s'approche, les piquets doivent être enfoncés dans des trous creusés à la bêche ! C'est un peu plus de travail, comme vous pouvez l'imaginer...
Un piquet de coin, ici dans le trou d'un ancien piquet pourri qu'il fallait remplacer. En regardant attentivement, on peut voir des "pieds" insérés dans le trou et fixés au piquet, qui l'empêchent de sortir du trou
Préparation du trou pour le piquet de soutien
Le piquet de soutien est maintenant fixé : il ne reste qu'à reboucher et agrafer les fils !
L'entretien des clôtures n'est pas forcément aussi lourd : souvent il suffit de remettre quelques agrafes sur les piquets, et de changer les piquets légers en mauvais état.
Voilà une clôture qui a un peu vieilli ! Il faudrait penser à retendre tous ces fils qui pendouillent...
Pour pouvoir retendre, il faut dégrafer les piquets : au travail Alice !
Dans cet article on va vous parler de quelque chose de relativement courant en Nouvelle-Zélande, mais par contre très peu voire pas utilisé en France : des cultures pâturées. Il s'agit de cultures annuelles de plantes alimentaires pour les animaux, qui sont directement pâturées, le plus souvent en hiver. C'est en quelque sorte l'intermédiaire entre des cultures alimentaires comme on peut en voir en France (betteraves fourragères, maïs) qui sont cultivées, récoltées et distribuées ensuite aux animaux et des prairies temporaires.
Parmi les cultures concernées, on retrouve ici plusieurs espèces de brassicacées (plantes de la famille des choux comme le colza par exemple), des betteraves fourragères, et des céréales annuelles comme l'orge, l'avoine ou le triticale. L'intérêt de telles cultures pâturées tient à plusieurs facteurs :
disposer de réserves alimentaires conséquentes sur une surface inférieure à celle qu'occuperait une prairie de valeur alimentaire équivalente, ce qui permet de laisser un temps de repos plus long aux autres parcelles en herbe tant que les animaux sont sur la culture. Cela est intéressant en hiver, quand l'herbe pousse très lentement et qu'il faut attendre longtemps avant de repâturer une parcelle de prairie.
intégrer des cultures en rotation avec les prairies permet de lutter contre les plantes adventices ("mauvaises herbes") des prairies, soit car le milieu créé par la culture est défavorable aux adventices (ombre, concurrence), soit parce que les interventions liées à la culture (travail du sol, désherbage) les endommagent.
Sur la ferme de Tony et Lynda où nous sommes actuellement, on retrouve plusieurs parcelles de ces cultures, qui sont pâturées en ce moment (en hiver, donc). Les noms des espèces cultivées en anglais sont fiables, les noms latins le sont a priori eux aussi (ils sont tirés d'un ouvrage de référence sur les plantes pâtures en Nouvelle-Zélande) ; en revanche la traduction en français est peut-être un peu bancale car il n'y a pas forcément d'équivalent en France et car les brassicacées sont une famille où plusieurs "espèces" de morphologie différente se retrouvent sous le même nom. Il y a donc sur la ferme les cultures suivantes, toutes des brassicacées, présentées selon le modèle [nom anglais] Nom latin, nom français supposé.
[kale] Brassica oleracea spp. acephala, chou moellier. C'est une culture dont les feuilles et les tiges (qui sont d'ailleurs très développées) sont comestibles, et qui ne se pâture qu'une fois. Dans les parcelles où il est présent sur la ferme de Lynda et Tony, il est en mélange avec du plantain. Le plantain est complètement dominé par le [kale], mais après pâturage du [kale] il repousse pour coloniser la terre laissée nue.
[swede] Brassica napus spp. napobrassica ou rapifera, chou-navet ou rutabaga. C'est une culture dont les racines, très développées (plus grosses que des navets) ainsi que les feuilles sont comestibles, et qui ne se pâture qu'une fois. Dans les parcelles de la ferme, il est semé en mélange avec du [kale] et du trèfle.
[rape] Brassica napus spp. biennis, colza fourrager. C'est une culture dont les feuilles et les tiges (moins développées que celles de [kale]) sont comestibles, et dont certaines variétés peuvent aussi être pâturées en été pour finir des agneaux. Le [rape] tolère plusieurs pâturages, à des intervalles d'un mois environ. Sur la ferme, il y a une parcelle de [rape] en mélange avec du plantain pour un pâturage d'hiver (pas encore commencé) et une autre parcelle où le [rape] est mélangé à des graminées et ne s'est pas beaucoup développé à cause d'une mauvaise application d'herbicides.
Ces cultures sont toutes pâturées au fil, c'est-à-dire que la parcelle cultivée est subdivisée avec une clôture électrique pour ne rendre la culture disponible que petit à petit, pour minimiser la part non ingérée.
En images :
Le [kale] est pâturé au fil. Quand la nouvelle portion est disponible, les brebis se jettent dessus !
Les feuilles ont l'air appétissantes...
Le [rape] en mélange avec du plantain est moins haut que le [kale], mais peut être pâturé plusieurs fois
Voilà une culture de [swede] (rutabaga ?)
Les biches ont d'abord mangé les feuilles, et les racines sont maintenant entamées !
Et voilà comme promis une vidéo des brebis qui dévorent goulument leur nouvelle portion de brassicacées !
L'érosion des sols est une problématique dont on entend parfois parler en France, et qui est peut-être encore plus d'actualité en Nouvelle-Zélande. Quand il pleut beaucoup d'un coup, l'eau emporte du sol. Cela peut prendre différentes formes, selon le type de sol, la pente, la végétation, et bien sûr la quantité de pluie.
Dans la région où on est actuellement, et d'ailleurs dans pas mal de régions néo-zélandaises, le paysage est très vallonné et il y a beaucoup de collines relativement pentues. Du coup, avec ces pentes importantes, quand il pleut beaucoup il y a des glissements de terrain un peu partout. Ça a pour conséquence de parfois bloquer des routes, arracher des lignes électriques, mais aussi d'emporter des prairies et de détruire les clôtures des parcelles. Au-delà de ces conséquences brutales, le sol soumis à un glissement de terrain peut être perdu dans les cours d'eau, et la surface qu'il couvrait se retrouve à nu, beaucoup moins propice à la croissance des plantes et plus sensible à d'autres épisodes d'érosion.
Pour lutter contre ces glissements de terrain, la solution mise en œuvre consiste à fixer le sol des pentes à risque en plantant des arbres, dont les racines vont retenir le sol. Sur la ferme de Tony et Lynda où nous sommes en ce moment, ça fait déjà plusieurs années qu'ils en plantent, et on a participé aux plantations de 150 peupliers de cette année. Il faut préférentiellement les planter dans les bas de pente, pour éviter au glissement de s'initier. Espacés d'une dizaine de mètres, leurs systèmes racinaires formeront dans quelques années un réseau qui permettra de mieux tenir le terrain en cas de grosses intempéries.
Alice transporte le matériel : les boutures de peuplier, la foreuse, les filets de protection
Tony creuse un trou à la foreuse
Valentin met le peuplier et son filet dans le trou
Et il faut ensuite remettre la terre dans le trou en la tassant, puis fixer le filet de protection
On voit sur cette photo un ancien glissement de terrain (en haut de la colline), et les arbres qu'on a plantés en bas de la pente et autour de la piste pour stabiliser le sol
Planter ces peupliers semble être efficace pour lutter contre l'érosion : lors de la dernière grosse pluie en juin (110 mm) qui a fait des dégâts dans pas mal de fermes des environs, il n'y a pas eu de glissement de terrain majeur sur la ferme de Tony et Lynda. Tony est aussi content de l'abri et de l'ombre que les arbres procurent aux animaux, ainsi que de la source d'alimentation supplémentaire que les feuilles peuvent apporter en cas d'été sec. On peut par contre critiquer le fait de ne planter que des peupliers et pas d'autres espèces : en cas de problème spécifique aux peupliers (parasite, maladie...), tout les arbres seront atteints !