dimanche 11 janvier 2015

Petit aperçu de l'agriculture néo-zélandaise






Comme vous le savez sûrement, l’agriculture nous intéresse. Comme en plus on est en Nouvelle-Zélande, un pays où l’agriculture est relativement différente de celle qu’on peut trouver ensemble, on voudrait vous la présenter, la comparer à l’agriculture française, et dans la mesure du possible apporter une petite analyse.


Commençons donc par un petit tour du propriétaire !

La Nouvelle-Zélande par rapport à la France
 
La Nouvelle-Zélande, quand on en entend parler en France, c’est souvent à propos
1)      du rugby (ah, cette finale de 2011…)
2)      des moutons (y a-t-il vraiment 10 moutons par habitant en Nouvelle-Zélande ?)
3)      des paysages (le seigneur des anneaux, tout ça)…
Pour ce qui est du rugby, on n'est pas très compétents, on va donc essayer de vous parler des moutons et des paysages, et plus généralement de l’agriculture néo-zélandaise. 

Commençons par une approche géographique : le pays est un peu plus grand que le Royaume-Uni (env. 268 000 km2), mais 14 fois moins peuplé (1). Avec tant de place et si peu d’habitants, on s’attend à ce que l’agriculture soit un secteur important, et c’est vrai. Elle occupe ainsi 126 000 km2 (forêts non comprises), occupés en majorité par l’élevage (2)

Répartition de la surface occupée par les terres agricoles
Et cet élevage est massivement basé sur l’utilisation de l’herbe et du pâturage : 85 % de la surface dédiée à l’élevage est constituée de prairies (3). D’où les collines verdoyantes qui couvrent le pays…

Un paysage agricole courant en Nouvelle-Zélande
Pourquoi tant d’élevage ? Surement la conjonction de différents facteurs, mais on peut citer en tout cas le climat (plutôt généreux en pluie), le relief (peu de plaines : pas top pour la monoculture de maïs) et l’historique du pays. Plusieurs évènements ont encouragé le développement de l’élevage, comme par exemple le développement des bateaux frigorifiques à la fin du XIXe siècle, qui a permis d’exporter la viande aux USA et en Europe, et plus récemment l’augmentation de la consommation de produits laitiers en Chine, qui a poussé le développement de la filière laitière. On retrouve donc de l’élevage ovin, de l’élevage bovin laitier et allaitant, mais de manière intéressante l’élevage de cervidés est relativement important. Par contre, par rapport à l’élevage français, les filières porcine et avicole sont beaucoup moins développées.

Nombre d'exploitations agricoles par secteur

Nombre d'animaux par type d'élevage (milliers)
Avec les 30,787 millions de moutons et sachant que la Nouvelle-Zélande compte environ 4,55 millions d’habitants, tout ça nous fait environ 6,7 moutons par habitant. On est un peu en dessous des 10 moutons par habitant, mais il faut savoir que ce ratio est déjà monté jusqu'à 22 moutons par habitant !

Cette agriculture majoritairement tournée vers l’élevage est de plus massivement tournée vers l’exportation. Ainsi, même si l’agriculture représente 5,1 % du PIB de la Nouvelle-Zélande (3), elle compte pour 27 % des exportations du pays (4). Les exportations concernent la viande (ovins et bovins), et depuis quelques années les produits dérivés du lait, principalement exportés vers la Chine. Du coup, quand la Chine réduit ses importations, le prix du lait diminue et tous les journaux en parlent…

Des coupures de journaux récentes
Enfin, un autre aspect particulier de l’agriculture néo-zélandaise, c’est qu’elle n’est pas subventionnée comme peut l’être l’agriculture européenne. Elle l’était jusqu’en 1984, quand les problèmes économiques de la Nouvelle-Zélande ont poussé le gouvernement de l’époque à brutalement supprimer toutes subventions à l’agriculture (5). Il y a eu des protestations, bien sûr, mais la réforme est restée et l’agriculture néo-zélandaise a dû s’adapter et se rationnaliser. Les fermes sont devenues plus libérales, au sens où l’agriculture a un peu perdu le statut de métier héréditaire et familial qu’elle avait. Elle est devenue un secteur où l’entreprise agricole est comme toute entreprise : les fermes s’achètent et se vendent (par exemple ici, là, et là pour ceux que ça intéresse), sont ouvertes aux investissements extérieurs, et la rentabilité est ouvertement recherchée.

Enfin, comme en France (et ailleurs) les campagnes se sont dépeuplées (déjà que y'a pas grand monde...), et la taille des exploitations a augmenté. Celles-ci sont en moyenne plus grandes qu’en France, et souvent sur un modèle moins intensif en main d’œuvre et en matériel. On peut par exemple trouver des fermes de 700 vaches laitières (VL) et 340 ha qui n’emploient qu’un couple et un associé, le tout sur un système majoritairement herbager. Pour comparer avec un dossier polémique en France, le projet de « ferme des mille vaches » c’est, dans l’état actuel des choses (6), au plus 500 VL élevées en bâtiment et nourries au maïs, et 2355 ha de cultures pour les épandages des effluents (épandages au maximum tous les 3 ans, donc au plus 785 ha épandus par an). Je n’ai pas pu trouver de chiffres sur la surface dédiée à la production de l’alimentation des vaches ou le nombre de personnes employées.

L'élevage laitier en Nouvelle-Zélande

Voilà donc quelques éléments introductifs sur l’agriculture néo-zélandaise, qui reste comme en France un domaine très varié. On espère dans les prochains articles vous la présenter plus en détail, pour vous faire découvrir le pays et apporter un peu de recul sur les différentes pratiques agricoles que l’on peut rencontrer, en Nouvelle-Zélande, en France ou ailleurs. 



--- Sources ---

1. Statistics New Zealand. New Zealand in profile: 2014 / About New Zealand. [En ligne] 2014. [Citation : 01 01 2015.] http://www.stats.govt.nz/browse_for_stats/snapshots-of-nz/nz-in-profile-2014/about-new-zealand.aspx.
2. Statistics New Zealand. Group: Agriculture - AGR / Table: Variable by Total New Zealand (Annual-Jun) . Infoshare. [En ligne] 2015. [Citation : 07 01 2015.] http://www.stats.govt.nz/infoshare/SelectVariables.aspx?pxID=2c1ecd3a-c2ef-4c39-9cb9-daf3a472006e.
3. Statistics New Zealand. 2012 Agricultural Census Tables / Agricultural areas in hectares, by farm type (ANZSIC06), at 30 June 2012. Statistics New Zealand. [En ligne] 2013. [Citation : 08 01 2015.] http://www.stats.govt.nz/browse_for_stats/industry_sectors/agriculture-horticulture-forestry/2012-agricultural-census-tables/land-use.aspx.
4. Ministry of Business, Innovation and Employement. Invest in New Zealand / Opportunities and outlook / Economic overview. New Zealand Now. [En ligne] 28 10 2014. [Citation : 07 01 2015.] https://www.newzealandnow.govt.nz/investing-in-nz/opportunities-outlook/economic-overview.
5. Statistics New Zealand. New Zealand in profile: 2014 / imports-exports. [En ligne] 2014. [Citation : 07 01 2015.] http://www.stats.govt.nz/browse_for_stats/snapshots-of-nz/nz-in-profile-2014/imports-exports.aspx.
6. Sayre, Laura. Farming without subsidies. Newfarm.org. [En ligne] 20 03 2003. [Citation : 07 01 2015.] http://www.newfarm.org/features/0303/newzealand_subsidies.shtml.
7. Jean-Francois Cordet, Prefet de la Somme, Prefet de region Picardie. Arrêté préfectoral du 1er février 2013 relatif à un élevage de vaches associé à un méthaniseur. [En ligne] 01 02 2013. [Citation : 07 01 2015.] http://www.somme.gouv.fr/content/download/5347/31270/version/1/file/arrete-500-vaches-laitieres-methaniseur.pdf.





1 commentaire:

  1. Hé, Agnès, y'a un élevage de cervidé à vendre t'as pas envie ? JPe

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