Comme vous le savez
sûrement, l’agriculture nous intéresse. Comme en plus on est en
Nouvelle-Zélande, un pays où l’agriculture est relativement différente de celle
qu’on peut trouver ensemble, on voudrait vous la présenter, la comparer à
l’agriculture française, et dans la mesure du possible apporter une petite
analyse.
Commençons donc par un petit tour du propriétaire !
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La
Nouvelle-Zélande par rapport à la France |
La Nouvelle-Zélande, quand on en entend parler
en France, c’est souvent à propos
1)
du rugby (ah, cette finale de
2011…)
2)
des moutons (y a-t-il vraiment 10
moutons par habitant en Nouvelle-Zélande ?)
3)
des paysages (le seigneur des
anneaux, tout ça)…
Pour ce qui est du rugby, on n'est pas très
compétents, on va donc essayer de vous parler des moutons et des paysages, et
plus généralement de l’agriculture néo-zélandaise.
Commençons par une approche
géographique : le pays est un peu plus grand que le Royaume-Uni (env. 268 000
km2), mais 14 fois moins peuplé (1). Avec tant de place
et si peu d’habitants, on s’attend à ce que l’agriculture soit un secteur
important, et c’est vrai. Elle occupe ainsi 126 000 km2 (forêts
non comprises), occupés en majorité par l’élevage (2).
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Répartition de la surface occupée par les terres agricoles |
Et cet élevage est massivement basé sur
l’utilisation de l’herbe et du pâturage : 85 % de la surface dédiée à
l’élevage est constituée de prairies (3). D’où les collines
verdoyantes qui couvrent le pays…
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Un paysage agricole courant en Nouvelle-Zélande |
Pourquoi tant d’élevage ? Surement la
conjonction de différents facteurs, mais on peut citer en tout cas le climat (plutôt
généreux en pluie), le relief (peu de plaines : pas top pour la monoculture de maïs) et l’historique
du pays. Plusieurs évènements ont encouragé le développement de l’élevage,
comme par exemple le développement des bateaux frigorifiques à la fin du XIXe
siècle, qui a permis d’exporter la viande aux USA et en Europe, et plus
récemment l’augmentation de la consommation de produits laitiers en Chine, qui a
poussé le développement de la filière laitière. On retrouve donc de l’élevage
ovin, de l’élevage bovin laitier et allaitant, mais de manière intéressante
l’élevage de cervidés est relativement important. Par contre, par rapport à
l’élevage français, les filières porcine et avicole sont beaucoup moins
développées.
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Nombre
d'exploitations agricoles par secteur |
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Nombre
d'animaux par type d'élevage (milliers) |
Avec les 30,787 millions de moutons et sachant
que la Nouvelle-Zélande compte environ 4,55 millions d’habitants, tout ça nous
fait environ 6,7 moutons par habitant. On est un peu en dessous des 10 moutons par habitant, mais il faut savoir que ce ratio est déjà monté jusqu'à 22 moutons par habitant !
Cette agriculture majoritairement tournée vers
l’élevage est de plus massivement tournée vers l’exportation. Ainsi, même
si l’agriculture représente 5,1 % du PIB de la Nouvelle-Zélande (3), elle compte pour 27
% des exportations du pays (4). Les exportations
concernent la viande (ovins et bovins), et depuis quelques années les produits
dérivés du lait, principalement exportés vers la Chine. Du coup, quand la Chine
réduit ses importations, le prix du lait diminue et tous les journaux en
parlent…
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Des coupures de journaux récentes |
Enfin,
un autre aspect particulier de l’agriculture néo-zélandaise, c’est qu’elle
n’est pas subventionnée comme peut l’être l’agriculture européenne. Elle
l’était jusqu’en 1984, quand les problèmes économiques de la Nouvelle-Zélande
ont poussé le gouvernement de l’époque à brutalement supprimer toutes
subventions à l’agriculture (5). Il y a eu des
protestations, bien sûr, mais la réforme est restée et l’agriculture
néo-zélandaise a dû s’adapter et se rationnaliser. Les fermes sont devenues
plus libérales, au sens où l’agriculture a un peu perdu le statut de métier
héréditaire et familial qu’elle avait. Elle est devenue un secteur où
l’entreprise agricole est comme toute entreprise : les fermes s’achètent
et se vendent (par exemple ici, là, et là pour ceux que ça intéresse), sont ouvertes aux investissements extérieurs, et la rentabilité
est ouvertement recherchée.
Enfin, comme en France (et ailleurs) les
campagnes se sont dépeuplées (déjà que y'a pas grand monde...), et la taille des exploitations a augmenté.
Celles-ci sont en moyenne plus grandes qu’en France, et souvent sur un modèle
moins intensif en main d’œuvre et en matériel. On peut par exemple trouver des
fermes de 700 vaches laitières (VL) et 340 ha qui n’emploient qu’un couple et
un associé, le tout sur un système majoritairement herbager. Pour comparer avec
un dossier polémique en France, le projet de « ferme des mille vaches »
c’est, dans l’état actuel des choses (6), au plus 500 VL
élevées en bâtiment et nourries au maïs, et 2355 ha de cultures pour les épandages
des effluents (épandages au maximum tous les 3 ans, donc au plus 785 ha épandus
par an). Je n’ai pas pu trouver de chiffres sur la surface dédiée à la
production de l’alimentation des vaches ou le nombre de personnes employées.
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L'élevage laitier en Nouvelle-Zélande |
Voilà donc quelques éléments introductifs sur
l’agriculture néo-zélandaise, qui reste comme en France un domaine très varié. On espère
dans les prochains articles vous la présenter plus en détail, pour vous faire
découvrir le pays et apporter un peu de recul sur les différentes pratiques
agricoles que l’on peut rencontrer, en Nouvelle-Zélande, en France ou ailleurs.
--- Sources ---
1. Statistics
New Zealand. New Zealand in profile: 2014 / About New Zealand. [En ligne] 2014. [Citation : 01 01 2015.]
http://www.stats.govt.nz/browse_for_stats/snapshots-of-nz/nz-in-profile-2014/about-new-zealand.aspx.
2. Statistics
New Zealand. Group: Agriculture - AGR / Table: Variable by Total New Zealand
(Annual-Jun) . Infoshare. [En ligne] 2015. [Citation : 07 01 2015.]
http://www.stats.govt.nz/infoshare/SelectVariables.aspx?pxID=2c1ecd3a-c2ef-4c39-9cb9-daf3a472006e.
3. Statistics
New Zealand. 2012 Agricultural Census Tables / Agricultural areas in hectares, by
farm type (ANZSIC06), at 30 June 2012. Statistics New Zealand. [En ligne] 2013. [Citation : 08 01 2015.] http://www.stats.govt.nz/browse_for_stats/industry_sectors/agriculture-horticulture-forestry/2012-agricultural-census-tables/land-use.aspx.
4. Ministry of Business, Innovation and Employement. Invest in New
Zealand / Opportunities and outlook / Economic overview. New Zealand Now. [En ligne] 28 10 2014. [Citation : 07 01 2015.]
https://www.newzealandnow.govt.nz/investing-in-nz/opportunities-outlook/economic-overview.
5. Statistics New Zealand. New Zealand in profile: 2014 /
imports-exports. [En ligne] 2014.
[Citation : 07 01 2015.]
http://www.stats.govt.nz/browse_for_stats/snapshots-of-nz/nz-in-profile-2014/imports-exports.aspx.
6. Sayre, Laura. Farming without subsidies. Newfarm.org. [En ligne] 20 03 2003. [Citation : 07 01 2015.]
http://www.newfarm.org/features/0303/newzealand_subsidies.shtml.
7. Jean-Francois
Cordet, Prefet de la Somme, Prefet de region Picardie. Arrêté préfectoral
du 1er février 2013 relatif à un élevage de vaches associé à un méthaniseur.
[En ligne] 01 02 2013. [Citation : 07 01 2015.] http://www.somme.gouv.fr/content/download/5347/31270/version/1/file/arrete-500-vaches-laitieres-methaniseur.pdf.
Hé, Agnès, y'a un élevage de cervidé à vendre t'as pas envie ? JPe
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